Mal du siècle, un parmi d’autres, le gaspillage alimentaire pourrait souvent être évité en changeant simplement quelques mots sur le support. Un décret du 18 novembre s’essaye au langage ‘durable’. 

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Suite à un décret en date du 18 novembre, les fabricants de denrées alimentaires sont incités à indiquer plus clairement aux consommateurs quand un aliment peut continuer à être mangé sans risque sanitaire, afin d’éviter de jeter des produits encore comestibles. La fameuse mention ‘date limite de consommation’ (DLC), que les consommateurs peuvent confondre avec la date de durabilité minimale (DDM), pourra désormais être remplacée par les mentions « pour une dégustation optimale » (c’est prometteur !), « ce produit peut être consommé après cette date » (là, on se perd un peu), ou encore, précise le décret, « toute mention au sens équivalent pour le consommateur » : cela laisse l’embarras du choix aux industriels qui vont pouvoir s’amuser. 

Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont  gaspillées, soit l’équivalent de 150 kilos par habitant et par an

Ademe

Cette mesure vise donc à éviter que les consommateurs confondent les notions de DLC et DDM et ne jettent par exemple des épices au goût moins prononcé ou encore des biscuits plus secs qu’à leur sortie de l’usine qui restent pourtant comestibles. La date de durabilité minimale, dont la formulation est « à consommer de préférence avant… », concerne les produits qui peuvent être consommés – et commercialisés – au-delà de la date indiquée, même s’ils peuvent avoir perdu leurs qualités nutritionnelles et gustatives, comme des compotes ou des boîtes de conserve. De son côté, la date limite de consommation, signifiée par la mention « à consommer jusqu’au… », est une limite impérative au-delà de laquelle les  aliments sont impropres à la consommation et présentent un risque pour la santé. La commercialisation de ces produits est interdite passée cette date. 

« Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont  gaspillées, soit l’équivalent de 150 kilos par habitant et par an », selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). TooGoodToGo, entreprise qui promeut l’antigaspillage alimentaire via une application, a « salué » l’ajout de cette « mention complémentaire volontaire sur les emballages pour sensibiliser les consommateurs aux dates de consommation », estimant que « 20% du gaspillage alimentaire dans les foyers est dû à une mauvaise compréhension » de ces notions. Ce décret accompagne notamment la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre la gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC). Les secteurs de la distribution alimentaire et de la restauration collective devront réduire le gaspillage alimentaire de 50% par rapport à 2015, et ce d’ici 2025, prévoit cette loi. La restauration commerciale, la production et la transformation ont cinq ans de plus, d’ici à 2030, pour y parvenir.

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Photographie | Hamza güner, Unsplash