Dogmatisme ridicule ou quête nécessaire d’authenticité, le débat ne fait que commencer. Mais il énerve déjà les opposants à la maire écologiste de Strasbourg qui fustigent la décision d’interdire certaines produits et aliments dans les petits chalets du marché de Noël. 

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Les écolos n’ont pas toujours tout bon, ça se saurait, mais ils ont une qualité incontestable : poser, parfois, les vrais problèmes sur la place publique. Ainsi des produits – comestibles ou pas – autorisés à être vendus dans les jolis petits chalets (d’où vient le bois d’ailleurs ?) qui s’agglutinent au pied de la Cathédrale. Du champagne ? Que nenni, ce sera du crémant local. Du pop corn ? Négatif ! Hot dog ? « Sous réserve », en fonction de la provenance des produits. Ainsi, la liste dressée par la « commission consultative de sélection » comprend quelque 350 aliments et articles autorisés sur l’un des plus prestigieux marché de Noël de France. Même la vente de crucifix se fera « sous réserve » de la provenance des matériaux. La croix la bannière. Alléluia ! 

Alors, dogmatisme ou quête de l’authentique ? « La mise en avant du savoir-faire et de l’authenticité sont primordiaux », défend Guillaume Libsig, adjoint (sans étiquette) en charge de la vie associative, qui siège au sein de ladite commission. Selon lui, la liste donne sa « crédibilité à l’événement ». La « Capitale de Noël doit rester dans son temps, répondant aux questions posées par la société sur l’écoresponsabilité, la provenance des produits, le bien-être ou les identités », explique encore Guillaume Libsig, qui refuse de voir la ville être « un supermarché à ciel ouvert (…) avec des objets vendus ailleurs le reste de l’année ». Inversement, l’opposition à la maire Jeanne Barseghia ne se prive pas de sortir l’artillerie sémantique lourd : « dogmatisme », « contraintes absurdes », « chasse aux crucifix »…  « A vouloir tout contrôler pour Noël, la municipalité trébuche sur ses préjugés et son idéologie ! » tacle le conseiller municipal d’opposition Alain Fontanel (LREM), candidat malheureux à la mairie en 2020. Anne-Pernelle Richardot (PS) évoque elle du « wokisme à la con » dans le quotidien régional les Dernières nouvelles d’Alsace, quand Pierre Jakubowicz (Horizons) s’étonne « de voir arriver cette liste si tardivement », a un mois et demi de l’ouverture du marché, alors que la plupart des commerçants commandent leur stock en début d’année.

Pour le vin chaud, il faudra encore attendre mais pour le débat, c’est déjà brûlant. Guillaume Libsig assume « afficher la couleur » pour avoir un « débat ». Pour les produits autorisés « sous réserves », les organisateurs auront « une discussion avec les exposants pour comprendre d’où vient le produit ? Pourquoi est-ce qu’il est là? », détaille-t-il encore. La liste sera entérinée « début 2023 », à l’occasion d’une nouvelle réunion de la commission.  Sauf que le marché aura déjà commencé… Bref, tout n’est pas très catholique là-dedans ! D’ailleurs, concernant la vente de croix chrétiennes autorisée aussi « sous réserve », « la priorité est d’en avoir qui soient dignes et de bon standing, fabriquées en Europe, et n’arrivant pas dans des conteneurs d’Asie », fait valoir l’adjoint. La religion est sauve, amen. Jean-Philippe Vetter, conseiller municipal LR, s’est ému dans dans une lettre ouverte à la maire EELV Jeanne Barseghian d’une volonté de « vouloir potentiellement interdire sur le marché de Noël le symbole de la foi chrétienne ». La bigoterie et les bonnes valeurs, encore un autre débat tiens. Vivement Noël !

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Photographie | Ball Park Bran, Unsplash