Gina par-ci, Gina par-là, n’y aurait-il donc que Gina qui nous fasse rêver de la cucina italienne ? Alors que les cuisines transalpines ne cesse de s’imposer partout en France, il semblerait qu’une seule enseigne nous fasse de l’effet : Gina. Gina à Saint-Tropez signé Frechon, Gina à Fontainebleau signé Choukroun, beaucoup d’autre Gina à droite et à gauche en France, un prochain Gina by Zanoni à Abidjan (un consulting du roi de la pasta du George V pour un riche Libanais qui s’embête en Côte d’Ivoire), et voilà que l’on bouffe du Gina à toutes les sauces.
La langoureuse Lollobrigida a vécu un temps que les moins de quarante ans n’ont pas connu, tant pis pour eux. Changeons de registre ! Peut-être que l’on pourrait se laisser tenter par une Caterina, une Franca, une Paola, une Maria, une Carla pas rembrunie, voire une Concetta. Et pour celles et ceux qui préfèrent le masculin au féminin, mettez donc un « o » à la place du « a » en fin de prénom et le tour est joué.
Chaque entrepreneur sait qu’il n’est jamais facile de trouver le nom d’une enseigne ou d’une marque. Le truc totalement impersonnel ne résonne pas ; son nom et son prénom a un petit quelque chose de prétentieux (et c’est intransmissible) ; le nom dans l’air du temps (Racine, Origine…) ne vous différencie pas ; l’originalité débordante peut ne pas être comprise. Pour autant, est-ce bien raisonnable de se retrancher derrière une généreuse Gina dont le potentiel de charme est désormais bien entamé ? Quand on ouvre un nouveau restaurant, il est rare d’entendre un chef expliquer qu’il va faire exactement comme les autres, la même cuisine, le même service, la même ambiance. Alors pourquoi user du même nom pour désigner ce que l’on souhaite différent ? Un peu de logique, quelques efforts de recherche sémantique et vous remiserez Gina et toutes ses soeurs en « a » pour une cucina pas si « povera » que ça.
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