La table parisienne du chef triplement étoilé (en Italie) Niko Romito veut « redéfinir la cuisine moderne » italienne. Dans un écrin de luxe signé Bulgari, que vaut-elle vraiment ? Atabula y est allé manger. 

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L’environnement 

Avenue Georges-V, des palaces tous les quinze mètres, des berlines de luxe collées les unes aux autres, une drôle de faune qui alterne entre le kitch de mauvais goût et la classe qui en impose. Dans le triangle d’or, ça brille de mille feux. 

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Le cadre intérieur

Ici, c’est Bulgari et ça sent l’Italie chic. Parquet de haute volée, rétroéclairage tamisé, laiton italien, du rouge, de l’orange, du gris profond, assises confortables et tables agréablement espacées. Une ambiance mi-gastronomique, mi-lounge. 

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Le service

100% ragazzo ! Accent italien de rigueur, sérieux et appliqué, avec juste ce qu’il faut de simplicité pour que l’on se sente à l’aise. 

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Spaghetti e pomodoro
Tubettoni aux courgettes, menthe et parmesan
Côte de veau à la milanaise
Tiramisu

L’assiette

Portions millimétrées, assaisonnements marqués dans lesquels poivres et piments tranchent les goûts au laser, puissance et maitrise à chaque plat, l’assiette en impose incontestablement. Difficile de reprocher quoi que ce soit sur la qualité hautement tomatée de spaghetti e pomodoro (32€) ou les tubettoni aux courgettes, menthe et parmesan (32€). Quant à la déjà fameuse « Côte de la veau à la milanaise », si elle est impressionnante par sa texture et son goût, sa quantité comme son tarif laissent un brin songeur (72€, sans accompagnent). Pour terminer, le tiramisu joue presque exagérément dans la douceur et en devient hautement quelconque. Du bel ouvrage pour des prix palace. 

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Côté cave

Beaucoup de quilles italiennes, des références françaises et des prix mamamia !

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L’expérience globale

Puisque l’assiette tient largement la route, que la carte des vins est aussi longue qu’une belle botte italienne et que le service chante comme il faut, la notion d’expérience globale passe forcément par la case addition. Il y aura donc celles et ceux qui peuvent s’offrir ce plaisir sans faire souffrir exagérément le porte-monnaie, et les tous les autres. Mais il y a aussi cette haute gastronomisation de la cuisine italienne qui interpelle, cette cuisine de produits, cucina povera à ses heures mais toujours généreuse, qui souffre ici d’un sentiment de trop peu, de rareté antithétique avec cet âme transalpine. À chaque fois, il manque quelques bouchées, celles qui conduisent au vrai plaisir du plat. Alors, oui, cette table est irréprochable – ou presque – dans la qualité des mets, mais il lui manque dangereusement cette abondance qui fait bombance. 

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La table et les guides

Table simplement cité au Michelin, table oubliée par le Gault et Millau, et table décriée par le guide Lebey. Difficile de faire pire pour une table qui ne mérite pas autant d’ignorance. 

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Photographies | FPR